Accueil » Informations techniques et expérimentations » Expérimentations en apiculture » Introduction de reines vierges
L’introduction de reines vierges pour le remérage de colonies présente de nombreux intérêts par rapport à l’introduction de reines fécondées :
Cependant, le taux d’acceptation des reines vierges reste relativement faible et assez hétérogène par rapport à l’introduction de reines fécondées. Les apiculteurs nous ont fait part de cette variabilité qui s’explique tant par la diversité des pratiques apicoles que par de nombreux autres facteurs dont nous maîtrisons mal les effets.
Pour répondre à cette problématique et sélectionner les méthodes ayant le meilleur taux de réussite, l’ADA Occitanie a souhaité tester et comparer différentes techniques d’introduction de reines vierges dans des essaims constitués en début de saison 2021.
Objectif :
Le but de l’expérimentation est de comparer trois méthodes d’introduction utilisées et jugées efficaces par les apiculteurs, en limitant au maximum le nombre de visites et de manipulations.
Création des essaims :
Les essaims de cet essai ont été constitués en deux temps au printemps, à partir du « cheptel InnovApi » :
Ce décalage temporel dans la création des essaims a permis l’introduction des reines le même jour (24 avril 2021), tout en garantissant un temps d’orphelinage de 9 jours pour les premiers essaims formés, et de 24 heures pour les seconds.
Afin de limiter de possibles biais liés à la génétique ou à la composition de l’essaims, ces derniers seront tous constitués de :
Les cadres de couvain présentent tous les différentes phases de développement (œuf à la nymphe).
Méthodes testées :
Contrairement aux cages Nicot, les cages IltisPro sont réutilisables. La méthode IltisPro1 demande moins de visites et de passages pour détruire les cellules royales. Celle-ci serait la plus avantageuse si les trois méthodes montrent un même taux d’acceptation des reines vierges auprès des colonies.
Génétiques sélectionnées :
Deux génétiques d’abeilles ont été sélectionnées pour l’expérimentation car reconnues pour leur douceur : l’A.m Buckfast et l’A.m Carnica.
Sites et météorologie :
Les ruches seront déposées à Auzeville-Tolosane (31), à la miellerie de l’ADA, à plus de 3 km du lieu de création des essaims (en dehors de l’aire de butinage).
La météo sera relevée au cours de l’expérimentation car de mauvaises conditions peuvent être à l’origine de l’emballement des reines et influencer les résultats. A contrario, un temps clément peut favoriser les taux d’acceptation.
Temps d’orphelinage :
En temps normal, l’ADA Occitanie préconise un temps d’orphelinage de 7 à 9 jours afin d’éviter la présence résiduelle de phéromones royales de l’ancienne reine. Aussi, ce laps de temps associé à la destruction de cellules, rend impossible l’élevage de nouvelle reine à partir d’œufs, ces derniers ayant évolué en larves. Cependant cette technique demande plus de visites et une grande vigilance de la part de l’apiculteur pour ne pas rater des cellules royales.
Les techniques IltisPro 1 et 2 semblent un bon compromis à la méthode Nicot : le format de la cage et le temps d’encagement de 3 à 6 jours permettent à la reine de s’imprégner des odeurs de la ruche tout en libérant ses phéromones dans la colonie.
©Eric Mérigot / Anthony Bouétard / Méghan Suquet
Les analyses montrent une influence de la méthode d’introduction sur :
1°) Les taux d’acceptation : Les méthodes Nicot et IlitsPro1 montrent les mêmes taux d’acceptation de 95%. La méthode IltisPro1 serait donc à privilégier car nécessitant moins de manipulations et de visites. Par ailleurs, au vue des problématiques actuelles et de la volonté de beaucoup d’apiculteurs de réduire leurs déchets plastiques, les cages IltisPro ont l’avantage d’être réutilisables.
Concernant les méthodes IltisPro 1 et 2, la première présente de meilleurs taux d’acceptation.
2°) La présence de la reine : Il n’y a pas de différence entre la méthode Nicot et IltisPro 1, cependant il y a significativement moins de reines présentes après vérification avec la méthode IltisPro2 par rapport à Nicot.
3°) La présence de la ponte : Il n’y a pas de différence entre la méthode Nicot et IltisPro 1, cependant nous relevons significativement moins de présence de ponte avec la méthode IltisPro2 par rapport à Nicot.
4°) L’influence de la génétique : Aucune différence des taux mesurés n’a été relevée en fonction de la génétique.
Conclusion et discussion : La méthode IltisPro1 pourrait être la méthode à retenir de cette expérimentation. Elle présente les mêmes taux d’acceptation et de présence de reine/ponte que la méthode Nicot. Mais elle a l’avantage d’être moins couteuse en temps de travail (moins de manipulations), et elle limite la production de plastique grâce à sa cage réutilisable.
Cependant, nous tenons à relever une limite de notre expérimentation liée à la météorologie. N’ayant pas été optimale au moment de la libération des reines des cages IltisPro2, nous pensons que les différents paramètres mesurés sur cette méthode ont pu être influencés négativement, notamment concernant la qualité de la ponte de la reine (nombreux cas de multi-pontes, absence de ponte, ou encore œufs non fécondés). En effet, les vols de fécondation ont probablement été perturbés par les mauvaises conditions entrainant des pertes de reines et des mauvaises fécondations.
Figures par Meghan Suquet
Des questions sur l’introduction de reines vierges ? Contactez Alice Rouzes pour le secteur Ouest de la région ou Anne-Laure Guirao pour le secteur Est.
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