DURAPI

Présentation

Conditions pédoclimatiques, ressources florales, objectifs de production : à une diversité de contextes correspond une diversité de pratiques apicoles, selon les exploitations mais aussi selon les années. Parmi elles, le renouvellement du cheptel et de reines représente un temps de travail important ayant des conséquences directes sur la durabilité des exploitations. En effet, les choix possibles des techniques utilisées et leur modalité d’application jouent sur les performances (adaptation de la génétique à l’environnement du rucher et qualité de la production) et l’état sanitaire (diffusion et résistance aux pathologies) des colonies.

Afin de mieux connaître ces pratiques apicoles et leur impact sur la durabilité de l’exploitation, notamment en termes d’organisation et de temps de travail, l’ITSAP Institut de l’abeille, en partenariat avec le GPGR, l’INRA, l’IDELE et le réseau des ADA (dont l’ADA Occitanie) a décidé de mener deux actions de front :

  • 2016-2018 : deux enquêtes sur le temps de travail en exploitation apicole, son organisation au long de l’année et les conséquences que pourraient avoir différentes pratiques de renouvellement du cheptel (colonies, reines) sur le temps et l’organisation du travail de l’exploitation. La première était un entretien direct avec des apiculteurs professionnels ; la seconde était un questionnaire en ligne, accessible à tous.
  • 2016-2017 : des expérimentations sur l’impact technique de différentes stratégies et pratiques de renouvellement. Un stage de M2 sur le sujet portait sur les conséquences du renouvellement des reines dans les colonies et de leur origine.

Reine au milieu des ouvrières

© Eric Merigot

Déroulé de l'enquête

Profils des répondants à l’enquête

Déroulé de l’enquête :

Afin de regrouper un grand nombre de représentants de la filière apicole et ainsi assurer une meilleure diversité des points de vue, plusieurs acteurs ont été mobilisés pour définir le terme durabilité et pour élaborer l’enquête : des apiculteurs professionnels, des représentants de syndicats apicoles et des acteurs du développement, de la recherche, de l’enseignement et du sanitaire.

Cinquante-six enquêtes ont été réalisées en présentiel. Sur la base de ces entretiens, un questionnaire en ligne a été publié et a recueilli 348 réponses de la France entière (le sud de la France étant particulièrement représenté).

Protocoles expérimentaux

 

 

Cadre d’élevage

 

 

Cellules royales

 

 

Cadres d’élevage

1°) Renouvellement des reines dans les colonies

L’objectif de ce protocole est de comparer deux techniques de renouvellement de cheptel d’un point de vue technique, sanitaire et sociale (temps et organisation de travail). 12O colonies sont mobilisées sur ce projet : la moitié est remérée artificiellement tous les ans par introduction de reines ou de cellules issues d’élevage (modalité contrôlée) ; l’autre moitié est laissée en remérage naturel (modalité dite extensive). Dans cette expérimentation, la génétique a également été prise en compte avec 30 colonies d’une souche dite « contrôlé » et 30 colonies d’une souche dite « extensif » par modalité de gestion.

 

Protocole de comparaison de deux stratégies de gestion du renouvellement du cheptel

 

2°) Environnement de fécondation des reines et importance des ruches à mâles

Cette expérimentation nourrissait deux objectifs : a- Déterminer si la distance et l’orientation des ruches à mâles influence la qualité et le taux de fécondation des reines. b- Déterminer si les mâles fécondant les reines proviennent bien des ruches à mâles ou d’autres colonies non sélectionnées.

Des ruchettes de fécondation avec des reines vierges ont été disposées à des distances variable d’un rucher à mâles (lui même composé de 5 ruches à mâles). Afin de suivre la provenance des reproducteurs ayant fécondé les reines, les colonies à mâles sélectionnées proviennent de rucher de production de gelée royale : en effet, leur génétique se distingue aisément via des marqueurs moléculaires.

 

3°) Origine des reines utilisées

Des reines dites « exotiques » ont été achetées (une des origines les plus vendues en France) et comparées à des reines sélectionnées localement. L’objectif est de comparer un système d’exploitation achetant des reines dans le commerce sans autres critères que la disponibilité et le prix, aux systèmes se basant sur un travail de sélection local (au sein de l’exploitation ou non).

Résultats de l’enquête :

Temps passé sur l’année aux différentes activités apicoles pour une exploitation d’environ 300
ruches, un apiculteur à plein temps, avec de l’entraide ponctuelle. Transhumances sur miellées régionales. Vente du miel en vrac. L’apiculteur prend des vacances sur la première quinzaine d’août.

Nombre de jours par an et par colonie hivernée consacrés : a. à la gestion du renouvellement (création d’essaims, élevage de reines…) ; b. à la gestion du cheptel dans son ensemble (renouvellement, transhumances, récoltes…).

Résultats des expérimentations

Évolution du nombre de colonies par lot, dans le cadre de l’expérimentation sur la gestion du
renouvellement des reines

  • Renouvellement des reines dans les colonies : La modalité de gestion « remérage naturel » avec une génétique d’origine « remérage contrôlé » est celle qui a subi le plus de pertes : les 8 essaims tirés des colonies de cette modalité en 2017 n’ont ainsi pas permis d’atteindre le nombre visé de 30 ruches en production en 2018, et cela n’était pas non plus le cas au printemps 2019 à la fin de l’expérimentation.
  • Environnement de fécondation des reines et importance des ruches à mâles : Ni la distance, ni l’orientation n’ont influencé directement la réussite de la fécondation des reines ou la qualité de celle-ci.
  • Origine des reines utilisées : Les reines d’importation apparaissent nettement moins performantes que les reines locales, en termes de durée de vie (respectivement 45 % vs 32 % de pertes après 1 an) comme de production de miel par colonie (respectivement 15,5 vs 21,6 kg). Ces premiers résultats indiquent clairement l’importance d’une sélection au plus proche des conditions d’utilisation et les limites soulevées par l’importation massive de cheptel depuis l’étranger (environ 50 % des reines achetées en France).

Conclusion : L’adéquation entre les pratiques mises en œuvre et la génétique utilisée apparaît donc cruciale. Cela souligne l’intérêt de prendre conjointement en compte différents éléments du système apicole.

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